Chez Catheolia

"Il ne faut pas se sentir coupable, c'est un vrai plaisir que de faire plaisir. Et puis, je crois que je suis suffisamment récompensé. Votre simple présence en soit est déjà merveilleuse et votre patience à l'égard de mes médiocres tentatives d'expérimentation culinaires ne fait que renforcer mon désir d'innover".

Ce soir, il souhaitait utiliser la poêle qu'il avait acheté sur les conseils de Dame Kermor. Il était légèrement bombé et permettait de cuire les aliments sur un feu vif. Il avait fait mariner les filets de goujon dans un filet de citron et un peu (un tout petit peu) de gingembre une partie de l'après-midi et le moment était venu de les saisir en même temps que les oignons qu'il venait de couper en fines tranches. Quand ce fut fait, il fit revenir quelques poivrons et deux poireaux jusqu'à ce qu'ils soient bien tendres, puis il remis les filets et les oignons en remuant pour bien mélanger. Voilà, c'était prêt en un instant. Il ne manquait plus qu'un lit de frisée et de pissenlits pour agrémenter le tout.

"Vite à table ..."

Catheolia sourit en écoutant Matabei. Elle le laissa donc cuisiner et en profita pour mettre la table.

L'odeur qui se dégageait de la poêle éveilla l'appétit de la jeune femme qui ne se fit pas prier quand son amour lui dit de se mettre à table. Il les servit avant de retourner à la cuisine poser le plat. Cath se retint d'attaquer avant que Mata ne revienne à table.

Pendant quelques instants, Matabei ne l'entendit plus...

Quand Catheolia reposa ses baguettes (qu'elle avait fini par dompter à force d'entrainement), il ne restait plus rien du délicieux plat préparé amoureusement...
Elle alla chercher la corbeille de fruits, se disant qu'il valait mieux pour sa ligne qu'il n'y ait pas de dessert plus calorique... : . De toute facon, elle n'était plus capable d'avaler grand chose.

C'était vraiment très bon . Va falloir quer je trouve quelquechose à la hauteur moi maintenant...
Au fait, t'as prévu de travailler demain ou pas? Je me suis dit que je prendrais bien ma journée moi... Je suis un peu fatiguée je dois dire...

"Je suis libre comme l'air et tout à votre disposition. Nous pourrions effectivement commencer par nous reposer un peu et par la suite nous pourrions éventuellement faire une ballade en barque le long de la rivière," suggéra Matabei en mordant à pleines dents dans une délicieuse prune.

Mmmmmmh, ca fait du bien... Gardant les yeux fermés, Cath se laissa masser les épaules qui il est vrai, en avaient bien besoin... deux jours de repos n'allaient pas être de trop pour la jeune femme, qui finit par se lever pour aller se blottir dans les bras de son bien-aimé, posant sa tête contre sa poitrine.

D'accord pour la promenade demain... c'est une merveilleuse idée... espérons seulement que le temps soit avec nous.

"Espérons-le effectivement." Sur ces mots, Matabei se rendit compte que Catheolia était épuisée. Il était grand temps de se coucher et de prendre une bonne nuit de sommeil pour pouvoir se consacrer pleinement aux activités des jours à venir.

Samedi

Une drôle de journée commençait. Il y avait comme de l'électricité dans l'air. Le beau temps annoncé n'était pas au rendez-vous. Quel dommage, la ballade sur la rivière allait devoir être remise au lendemain.

Comme Catheolia dormait encore, Matabei ne souhaita pas la réveiller. Il retourna se coucher sans faire de bruit, après tout il est tellement bon de ne rien faire. La fin de la matinée arrivant, il décida de se lever pour se rendre au pavillon. Il laissa un petit mot à l'intention de Catheolia et y rajoutant une petite grue. A la différence des autres, celle-ci avec le cou plié, comme si elle se demandait quoi faire.

(Matabei 42/1000)

Nuit de Samedi à Dimanche :

Catheolia s'était levé très tard. Elle avait juste eu le temps d'entendre la porte se refermer sur Matabei. Ben et le week end en amoureux alors? Cath n'y comprenait rien. Les relations difficiles peuvent prendre une tournure houleuse des fois, sans que l'on s'en rende compte. Il y avait de l'orage dans l'air...

La jeune femme avait laissé passer un peu de temps avant de se décider à se lever. C'est alors qu'elle avait vu la petite grue sur la table, à côté d'une note. Il était au pavillon. Bien, ben qu'il y reste alors, si il a plus important à faire là bas.

Catheolia était en colère, mais se devait d'admettre que ce n'était pas vraiment justifié... mais à ce moment précis, elle ne le voulait pas.
Puisqu'elle était seule, elle en avait profité pour nettoyer la petite maison de fond en comble. Le soir venu, tout était propre et brillant... et Cath épuisée.

Elle resta de longues heures devant l'âtre, faisant des grues mécaniquement, sans vraiment les regarder... La nuit tombait et toujours pas de Matabei en vue... Catheolia s'endormit...

(Catheolia : 55/1000)

Mardi matin :

Catheolia entra en coup de vent dans la petite maison. Elle revenait du pavillon où Matabei et elle avaient passé toute la journée d'hier. Les meilleures choses devant avoir une fin, Cath s'était levée très tôt ce matin pour pouvoir repasser par chez elle avant d'aller à la mine. Le temps d'embrasser Matabei qui se levait et elle fila.

Arrivée chez elle, elle prit le temps de se changer, d'attrapper un morceau de pain qu'elle mit dans sa sacoche avec quelques feuilles de papier et se sauva aussi vite qu'elle était arrivée.

Une dure journée l'attendait...

Matabei rentra chez lui en début de soirée. Allègre et joyeux, limite goguenard, il redoublait de gaîté et d'insouciance. Avec un tel état d'esprit, il était certain de pouvoir se consacrer au pliage de quelques grues, Catheolia commençait à prendre un peu d'avance. Lui avait-il dit que le premier qui atteint 100 a droit à une surprise?

(Matabei 47/1000)

Catheolia rentra fourbue. Décidemment, la mine... à se demander pourquoi elle y allait chaque jour. Au moins le travail harrassant avait cet avantage qu'il faisait oublier les soucis le temps d'une journée.

Matabei était déjà là. Ca devenait une habitude en ce moment... Elle le regarda en souriant et alla l'embrasser.
Bonsoir, tu m'as l'air bien joyeux dis moi?

Voyant qu'il s'occupait au pliage, son sourire s'élargit et elle sortit de sa besace 5 petites grues qu'elle avait réussi à faire en déjeunant.
Tu essaies de me rattrapper? Bon dis moi, qu'est ce qui te mets d'aussi bonne humeur?

(Catheolia 60/1000)

A la vue des cinq nouvelles grues, Matabei eut un large sourire.

"En fait", dit-il à Catheolia, "vous pouvez constater à quel point il est difficile de réussir cette tâche. Il est particulièrement délicat de rester concentrer et d'insuffler un peu de vie à chacune de ces créatures de papier. Alors voilà, j'ai décidé que le premier d'entre nous qui atteindrait 100, 300 et 700 aurait droit à une surprise afin de l'encourager à aller de l'avant. Cela tombe bien vous avez l'air de prendre la tête, mais cela peut n'être que momentané."

Les yeux de Catheolia se mirent à briller à l'évocation de Matabei.
Bon et bien il ne me reste plus qu'à tenter de finir les 40 grues restantes avant mon départ alors...

Joignant le geste à la parole, elle prit une feuille de papier et se mit à plier.

(Catheolia : 61/1000)

Il attendit pour mieux se reconcentrer. Le souffle, la clé est dans le souffle (le chi) ... C'est à ce moment que la douleur revint, fulgurante. Une sensation atroce d'arrachement. De nouveau la cicatrice lui rappelait ce qu'il en coutait de trangresser les règles. Que pouvait-il y faire?

Son instinct reprit immédiatement le dessus. Les années d'entraînement avaient développé des automatismes qui permettaient de faire face à toutes les situations, même la mélancolie ne pouvait y échapper.

Il n'est pas suffisant d'éviter simplement de se sentir découragé face à l'épreuve. Quand survient le malheur, le Samurai doit s'en réjouir et saisir la chance qui lui est ainsi offerte de mettre à profit son énergie et son courage. Une telle attitude diffère radicalement de la simple résignation. Quand les flots montent, le bateau s'élève.

"Assez!" Matabei frappa du poing sur la table balayant du revers de la main tout ce qui s'y trouvait. Elle partait, il le savait, mais elle reviendrait. Le moment était venu d'innover. Désormais, il n'y aurait plus de règles ou de principes. Seul l'instant comptait. Il faudra s'adapter. "Je ferai de mon mieux".

Jeudi

"Puissiez-vous vivre à une époque intéressante". Matabei se leva en ce proverbe orientale, qui était plutôt une malédiction voilée. L'annonce de la séparation de leurs plus proches amis avait affecté tant Catheolia que Matabei.

Catheolia avait proposé à Kermor de passer quelques jours au pavillon. Il avait profité de l'après-midi pour ranger, changer les fleurs, et lui préparer un espace où elle pourrait être tranquille si d'aventures elle s'y rendait.

"La voilà enfin" se dit Matabei savourant cet instant. Il lui caressait doucement les cheveux en se demandant comment elle faisait pour les avoir aussi soyeux. En quelques mots, il informa sa bien aimée des derniers développements de la journée. Kermor s'était installée au pavillon, où elle comptait rester quelques jours. Il l'avait invitée à déjeuner ou dîner quand elle le souhaitait pour lui changer les idées. Kermor lui avait également dit qu'elle comptait se remettre à la peinture. Voilà, les informations étaient transmises, il pouvait reprendre ce qu'il souhaitait par dessus tout se consacrer à celle qu'il aimait.

Vendredi :

Catheolia revint du marché en faisant la moue. Y'a des jours comme ca... ferait mieux de rester sous les couvertures... Faudrait peut-être suggérer l'idée à Matabei pour se week end tiens... Ah non, pas ce week end... Bon ben on verra.
Grigntant un morceau de pain, elle se plongea dans la confection d'une petite grue. Mais celle-ci ne serait pas ajoutée aux autres, quelqu'un d'autre en avait besoin.

Avec un petit sourire, elle glissa la grue dans sa gibecière et pris le chemin du pavillon non sans avoir laissé un petit mot sur la table, accompagnée d'un deuxième grue qui elle serait comptée :

Citation :

Cher Matabei,
Je suis partie au pavillon rejoindre Kermor. Elle m'avait parlé il y quelques jours de l'enterrement de vie de jeune fille de Toutan. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de cette petite tradition, sinon je t'expliquerai. En gros je vais passer la soirée entre fille. Je ferai un sut à la maison vite fait avant, j'espère que tu seras rentré.
Je t'aime

Catheolia

(Catheolia 62/1000)

Catheolia arriva à moitié essouflée chez elle, espérant que Mata soit rentré. Ce qui était le cas.

Cath se jeta dans ses bras.
Bonsoir mon amour, comment ca va? Je reste pas longtemps, je voulais juste t'embrasser.

Retour de la Grange

oulà... dur le chemin... erf, on y est

Catheolia poussa la porte de la maison, essayant de faire le moins de bruit possible. Mouais, pas gagné... Matabei était endormi.
Cath posa son sac par terre et alla près de lui, le regardant dormir, son sommeil était un peu agité... La jeune femme baissa la tête. Les choses n'étaient pas simples en ce moment et elle les envenimait sans le vouloir... Elle se demandait comment il arrivait à la supporter. Promenant son regard sur la maison, Cath apercut les grues sur la table. Elle se leva pour aller les compter... Il commencait à la rattrapper, il allait falloir qu'elle s'active. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme quand elle remarqua que l'uniformité qui caractérisait les grues de son bien-aimé jusqu'alors commencait à s'estomper progressivement.
Cath reposa la petite grue et alla s'allonger auprès de cet homme qu'elle chérissait plus que tout, et s'endormit rapidement.

Samedi matin :

Catheolia se leva seule. Matabei était déjà levé et parti... sans doute dans les bois pour s'entraîner. Il lui avait dit qu'il fallait qu'il reprenne... Cath l'aurait bien accompagné... mais bon, vu l'heure à laquelle elle était rentrée, il ne valait mieux pas, elle aurait pu faire des bêtises.
Après avoir avaler un morceau de pain et un grand verre de lait, Cath s'habilla et sortit en laissant un petit mot sur la table encadré de qutre petites grues :

Citation :

Mon amour,

Je suis partie voir Kermor et Toutan au pavillon. Je ne sais pas quand je vais rentrer ni même su j'aurais le temps de repasser par la maison. Je te retrouve à l'abbaye pour le mariage.

Je t'aime

Catheolia.

(Catheolia : 66/1000)

Dimanche

Ce dimanche, Matabei avait pu se rendre à la messe, qu'il avait malheureusement manquée la semaine passé. Il adorait ces cérémonies religieuses et cherchait avidement à en savoir plus à chaque occasion. Chez lui, les prêtres et les moines étaient des personnes vénérées et respectées et, aussi longtemps que les représentants de la foi aristotélicienne prodiguaient un message de paix et d'amour, il n'avait aucune raison de les traiter différemment des siens. Il était également frappé par la place donnée à l'individualisme dans cette société. Le mariage en était la parfaite illustration. Les gens se mariaient ici par amour, ce qui n'était quasiment jamais le cas chez lui où les mariages étaient arrangés dans l'intérêt respectif des deux familles. Toutes ces choses fascinaient Matabei qui passa une grande partie de la journée à la consigner dans ses carnets de voyages.

Un jour, qui sait, peut-être publiera-t-il un traité sur les contradictions et différences de moeurs entre ces deux peuples. Au chapitre des temples, des images et des choses qui touchent au culte de leur religion, il avait écrit dans sa propre langue:

"1. Nos temples sont larges et peu profonds, leurs églises sont longues et étroites.
2. Nos bonzes prient devant des autels assis sur un tatami, leurs églises sont hautes, avec des bancs et des chaises pour s'asseoir.
3. Nos rouleaux sont attachés par un ruban, leurs livres sont faits de feuilles pliées et possèdent un fermoir..."