|
| Le pavillon de thé et son jardin (B3) | |
|
+4Catheolia lonelygirl1 kermor Kakita Matabei 8 participants | |
Auteur | Message |
---|
Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Mer 08 Aoû 2007, 11:33 pm | |
| "Par les kami, ne me dites pas que c'est ce que je crois" répondit Matabei ébahi et tout pantois devant cette étrange cérémonie. "De la soie, vous en avez trouvé ici en Occident, c'est tout simplement magnifique." | |
| | | Asahina Beniha Sobre
Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 25/06/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Mer 08 Aoû 2007, 11:39 pm | |
| "Le cadeau idéal ou la frappe parfaite. Nous sommes tous les enfants de Dame Doji. Sur ces paroles prononcées par notre auguste championne, je vous prie d'accepter que nous prenions congé. Nous n'avons que trop abusé de votre hospitalité, vénéré gardien, et il est temps pour nous de rentrer à l'auberge." Après les salutations d'usage, Beniha et Murasaki se retirèrent pour rejoindre leur chambre à l'auberge du Coeur. En partant, Beniha laissa à Matabei une petite boîte remplie de drôles de vers ... | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Ven 10 Aoû 2007, 1:55 pm | |
| Matabei se réveilla très tôt ce matin là. Assis sur son futon, il se demanda un instant s'il avait rêvé cette nuit là. Il ne se souvenait jamais de ses rêves, sa vie devait être trop sereine pensa-t-il en souriant.
Comme la journée et celles à venir risquaient d'être longues, il se reprit rapidement et d'un bond sortit du lit. Un peu de rangement, un passage à la rivière et il était prêt. Il prépara méticuleusement ses affaires, notamment plusieurs bento et quelques galettes de maïs pour ne pas risquer d'avoir faim. Il en profita également pour prendre soin des vers à soie et admirer longuement les magnifiques saya qui lui avaient été offert, lesquels n'allaient pas tarder à lui servir.
Avant de partir, il sortit son encrier, prépara l'encre et un pinceau, puis d'un geste ample mais précis reprit cette comptine célèbre de la Grue et du Crapaud:
"Plumes délicates, Vitesse, grâce et style, Mort instantanée"
Il changea de pinceau et finit en reproduisant une grue stylisée dont l'une des ailes recouvre un katana sortit de son fourreau. Non sans un moment d'émotion, il plaça cette nouvelle calligraphie dans le tokonoma repliant soigneusement celle qui y était précédemment exposée.
Munit de son équipement, il ne lui restait plus qu'à passer près de l'autel dans la forêt. En quittant le pavillon, il laissa passer sa main sur les deux petites grues en papier qui trônaient à l'entrée. Reviendrait-il? | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Ven 10 Aoû 2007, 6:41 pm | |
| Arrivé devant l'autel, Matabei s'agenouilla. L'atmosphère humide de la petite clairière étouffait les bruits, laissant dans l'air un vide qui attendait d'être rempli.
Il prit une profonde inspiration et pria. Il pria pour les âmes de ceux qui étaient morts là-bas à Constantinople, il pria pour le basileus et sa famille, pour tous ceux qui étaient encore réduits en esclavage et n'avaient pas encore été libérés par la mort. Il pria pour que la foi cesse de rimer avec conquêtes, qu'elles viennent du levant ou du ponant. Il pria pour que cesse la barbarie et triomphe le respect d'autrui.
A cet instant, un éclat de lumière frappa les lames immaculées qui se trouvaient toujours sous l'autel depuis qu'il les avaient polies, comme pour faire remarquer qu'il n'était pas seul.
Il prit un morceau de tissu dans sa ceinture pour pouvoir saisir chaque lame afin de se présenter. Ce furent les premiers mots qu'il prononça en leur présence. "Mon coeur est sans entrave, lame d'acier" murmura-t-il en récitant la soutra du Coeur, "sans entrave et donc sans peur. Accepteriez-vous de chanter pour moi?"
La lumière n'en fut que plus lumineuse encore. Il se releva et ralluma la forge pour finir de préparer ses armes en en terminant les poignées et les tsuba. Quand cela fut terminé, il glissa son nouveau daisho dans sa ceinture, rectifia sa tenue et prit le chemin de l'est. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 27 Aoû 2007, 10:38 am | |
| C'est au beau milieu de la nuit que Matabei rentra à Clermont. Son voyage avait été riche d'enseignements, mais pour le moment il était trop épuisé pour méditer. Il se dépêcha de rentrer chez lui.
En se couchant, il ne pu s'empêcher de trouver étrange le fait qu'il allait sans doute encore rêver. Lui qui généralement n'avait guère le sommeil agité, passait désormais une bonne partie de ses nuits dans un autre monde. Cela n'était pas pour lui déplaire, pensa-t-il en s'endormant le sourire aux lèvres. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Ven 31 Aoû 2007, 1:44 am | |
| Clermont (à l'heure du singe / 30 août 1455) Sur l'arbre, en pleine méditation
[Texte déplacé un peu plus bas ... Il s'agit de l'ouverture du 2ème chapitre de la quête de Matabei]
Dernière édition par le Lun 12 Nov 2007, 2:37 pm, édité 1 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Mer 05 Sep 2007, 1:01 am | |
| Pour tous ceux - s'il y en a - qui se demandent ce que fait Matabei à part écumer les tavernes de Compiègne: [Texte déplacé un peu plus bas ... ]
Dernière édition par le Lun 17 Déc 2007, 12:12 pm, édité 2 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Sam 06 Oct 2007, 12:33 pm | |
| Interlude (Notes de séjour - Fécamp)
En ce beau matin, sur la plage de Fécamp, bercé par le bruit des vagues et le son du vent dans les arbres, Matabei estima approprié de traduire ses pensées en retrouvant l'usage du "je":
"Une alouette s'élève - je respire la brume je marche sur les nuages!"
Masaoka Shiki
Dernière édition par le Lun 12 Nov 2007, 2:19 pm, édité 1 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Sam 20 Oct 2007, 12:11 pm | |
| Matabei arriva à Clermont de bon matin. Il remplit une malle de quelques affaires qu'il fit immédiatement envoyer vers sa destination. Ceci fait, il se dépêcha d'aller livrer ce qu'il devait remettre pour permettre la cérémonie ... d'aujourd'hui. Oops, c'était un peu limite, point de vue temps.
Dernière édition par le Lun 17 Déc 2007, 12:27 pm, édité 2 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Dim 21 Oct 2007, 12:27 pm | |
| Pour la première fois depuis son arrivée sur ces terres, il avait atteint ce mystérieux état de bonheur, qui tenait d'illumination aux habitants du Royaume, la "Boulasse"...
Dans l'absolu, Matabei aurait bien aimé passer plus de temps à Clermont, mais il ne pouvait être à deux endroits en même temps et il lui faillait choisir. Il posa dans l'entrée la cage à oiseaux observant avec attention la petite mésange en porcelaine qui se trouvait à l'intérieur. Fragile et délicat, l'oiseau n'avait pas encore chanté, mais - somme toute - c'était logique, n'est-ce-pas?
Il hésita un peu, prit la cage et ce qui lui restait de son manteau, franchit la porte et repartit vers l'est. | |
| | | chamoxa Sobre
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 20/10/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 22 Oct 2007, 1:12 am | |
| Bien tard dans la nuit, après avoir fêté le mariage de ses deux amis, Kermor et Fab, Chamoxa se mit a chercher la demeure de messire Matabei, il lui avait parlé d un jardin, cet endroit devait être un lieu de calme et de sérénité, elle se promena dans Clermont, jusqu ce que son regard fut attiré par un petit pavillon, elle resta un moment a regarder cet endroit, elle fni par reprendre ses esprits et réalisa que cela devait etre la demeure de Matabei, Chamoxa poussa la porte de la maison, a peine fut elle a l intérieur qu elle senti un dépaysement total, tout etait parfaitement rangé, tout semblait si tranquille, elle s avança dans la pièce en direction de l armoire dans la quelle devait ce trouver le matelas, comment avait il dit que cela s appelait... un futon...Chamoxa ouvrit l armoire et en sorti le futon, elle tacha de le dérouler comme lui avait dit Matabei, une fois le matelas installer, elle prit un draps et un duvet, elle les mit soigneusement sur le matelas et commença a retirer ses vetements, une fois déshabillée elle se glissa dans les draps, sa première impression fut étrange, et sans s en rendre compte elle s endormit tres vite, elle dormit un sommeil lourd et pour une fois réparateur.
Le petit matin arriva, Chamoxa se fit réveiller par les oiseaux qui se trouvaient dans le jardin, elle resta un moment dans le lit a réfléchir elle n avait pas l envie de se lever, mais la curiosité fut plus forte, elle se leva et remis ses vêtements a la hate...Elle roula le futon et le rangea a sa place. Chamoxa alla se servi un verre d eau pres de la fenêtre, elle resta un long moment a regarder dehors, elle observait cet étrange jardin, puis elle regarda la pièce avec la lumière du jour. Dans la nuit elle n avait pas vu le magnifique bouquet de fleurs de poser et arrangé avec soin, elle s en approcha pour respirer leur parfum.
Apres avoir rangé la pièce elle chercha ses chausses elle avait laissé en dehors du pavillon, elle ferma la porte avec un léger regret cette pièce etait vraiment agréable... | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 29 Oct 2007, 7:02 pm | |
| Interlude (Notes de séjour - Varennes)
Nous sommes à Varennes en plein milieu du grand concours de cueillette. Même si ce concours se déroulait dans une excellente ambiance, la compétition était acharnée … Matabei s’était levé ce matin à 5 heures 30 pour profiter de la rosée. Quelle surprise avait-il eu de constater qu’il n’était pas le seul ! Arrivé au verger, il eut l’impression de se retrouver au milieu d’une caserne un jour de grande revue. Il y avait quasiment une échelle par arbre et tous avaient l’air extrêmement affairé.
Matabei arriverait-il à suivre un tel rythme ? C’est qu’il avait besoin d’un peu de sommeil. Il n’aimait pas trop avoir des cernes… Son arbre récolté, il profita du brouillard matinal pour se retirer un peu sur les arrières du verger hors de portée de toute sarbacane.
Plongé dans ses pensées, Matabei mit un peu de temps à s’apercevoir de la présence d’un magnifique renard à ses côtés. Ce n’est que quand celui-ci agita sa queue sous son nez et qu’il manqua d’éternuer qu’il finit pas noter sa présence.
"Dame Kitsune", commença Matabei, "mille excuses pour ne pas vous avoir reconnu, mais je ne m’attendais pas à vous voir aussi loin de chez vous. En quoi puis-je vous être utile? S’agit-il de cette cabane qui vient d’être construite dans la forêt à l’est de Clermont? Je ne crois pas qu’elle soit là pour longtemps et je veillerai à ce que tout rentre dans l’ordre."
A ce stade et pour beaucoup, il pourrait paraître étonnant d’entendre un homme parler à un renard. Est-ce si surprenant, toutefois ? Peut-être suffit-il de se demander à quoi rêvent les renards quand ils sont entre eux. Que pensent-ils des humains ? Après, c’est juste une question de curiosité, les plus curieux arriveront toujours à communiquer qu’ils soient animaux ou humains. En tout cas, ceux qui auront du mal à comprendre cela, auront encore plus de mal à entendre la réponse du renard.
"Non, non, Matabei", répondit le joli renard, "il ne s’agit pas de ça. Ils ne nous dérangent pas et nous sommes ravis de les accueillir. En fait, c’est pour vous que je suis là. Pour vous prévenir que le tigre est revenu à Clermont."
"Hum, le tigre …" Matabei n’avait jamais été très à l’aise avec le tigre, souvent gauche, parfois même maladroit. Le tigre impressionnait Matabei, ou plus correctement le tigre était impressionnant pour lui comme pour tout le monde. "Je le sais, je l’ai vu au loin sur la route la semaine passée en quittant Clermont pour revenir à Varennes. Comme je n’ai jamais su si le tigre me voyait ou pas, je n’ai pas voulu le déranger."
"Et bien, sans pouvoir répondre à cette question, je viens vous indiquer que le tigre est en route pour Reims", poursuivit le renard, dont le regard ne permettait pas de savoir s’il s’agissait là d’une remarque malicieuse ou simplement facétieuse.
"C’est ce qui m’a été rapporté. Le tigre va vers le sud vers Sainte Ménehoulde, puis remonte vers Reims. J’espère que sa pêche sera bonne."
"Ce n’est pas ce qu’on m’a dit, Matabei. D’après ce que je sais, le tigre pourrait maintenant marcher en ligne droite vers l’est. Il est pressé de rejoindre Reims. Il se peut ainsi que le tigre soit là demain et personne ne sait s’il vient chasser ou non. Demain sera un jour spécial pour le tigre vous le savez, n’est-ce pas?"
"Hum, oui je le sais…", Matabei se disait qu’un tigre ascendant scorpion devait être bien redoutable. "Dites-moi, pouvez-vous me dire quel temps il fera demain?".
Le renard sourit devant l’habile moyen utilisé par Matabei pour éviter ses prédictions : "Le temps est à l’orage. Il pleuvra du matin au soir. Je me demande bien ce que vous allez faire?"
Matabei réfléchit un instant son carnet en mains puis il finit par répondre."Je ne sais pas encore, ma dame. Je n’arrive pas à tout savoir. Vous avez un don que je n’ai pas et il faut que je tienne compte de ce que j’ignore." Ce n’était pas la réponse attendue, il le savait bien, alors il rajouta: "Le Hagakure nous enseigne qu’il existe ce que l'on appelle 'l'attitude pendant l'orage'. Quand on est pris sous une averse, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s'élancer pour s'abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toutes façons, on sera mouillé. Or, si on se prépare mentalement à l'idée d'être trempé, on sera en fin de compte fort peut contrarié à l'arrivée de la pluie. Je pense qu’il est possible d’appliquer ce principe avec profit dans toutes les situations."
"Ce qui veut dire?" interrogea le renard de son regard perçant. "Ce qui veut dire ...", répondit Matabei, "que tout ce que je sais, à ce moment précis, c’est qu’il pleuvra demain, que le tigre traversera peut-être la ville et que le neko ne sait pas encore vraiment ce qu’il pense. Comme je ne compte ni fuir, ni me cacher, nous verrons bien assez tôt ce qu’il en sera. Peut-être qu’il ne se passera rien après tout."
"En tout cas", fit-il en se levant, "la cueillette est loin d'être finie et il ne faut pas trop longtemps baisser sa garde, sinon on perd du terrain. Allons voir où en sont les autres." [...]
En faisant cela, Matabei n'entendit toutefois pas la réponse du renard. Celui-murmura pourtant de manière audible ces quelques mots: "J'en doute, mon ami. Je doute vraiment qu'il ne se passe rien, mais en même temps ce n'est pas à moi d'en décider".
Dernière édition par le Lun 12 Nov 2007, 2:19 pm, édité 1 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Mer 07 Nov 2007, 2:32 am | |
| Interlude (Notes de séjour - Ste Menehould)
Dans cette barque, de nuit sur le lac de Sainte Menehould, Matabei se disait que sur le chemin de la vie, chacun de nos pas, chacune de nos actions laisse une trace. C'est un peu comme marcher dans la neige, pensait-il son regard plongé dans le sien. Parfois, il est mieux de ne pas se retourner, de ne pas chercher à revenir en arrière. Parfois, la trace nous rejoint.
Le tigre avait fait l'une des plus belles choses qui soient à son sens. Il avait réussi à remonter sa propre trace et à repartir dans l'autre sens. "Ma trace m'a rejoint et nous marchons ensemble maintenant" se disait Matabei, qui pensait pourtant qu'un tel exploit était irréalisable.
Matabei souriait désormais:
"Au clair de lune, je laisse ma barque pour entrer dans le ciel" Kôda Rohan | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 2:35 pm | |
| CHAPITRE 2: Une affaire de famille (l'incident de Compiègne)[Ce RP est la suite du "Siège de Constantinople (1453)" qui se trouve un peu plus haut: https://clermont-champagne.niceboard.com/Habitations-f9/Le-pavillon-de-the-et-son-jardin-Matabei-B3-t88-120.htm Il s'agit du deuxième chapitre de la quête de Matabei et de ses amis dans les jeunes royaumes. Ce chapitre avait initialement été posté sur la halle de Compiègne où se déroulait l'action, mais il a depuis disparu avec l'écoulement du temps. Enguerrand et moi avons retrouvé nos textes et afin d'assurer la continuité de l'histoire, je vais les reprendre ici. Cela permettra d'ouvrir le troisième chapitre quand l'intéressée sera prête à intervenir... Pour mémoire, au moins deux personnes avaient survécu au massacre qui avait suivi la prise de Constantinople: votre serviteur Kakita Matabei, qui était en train de remonter la route de la soie pour finalement rejoindre Clermont, et le dénommé Enguerrand, qui depuis avait rejoint le pays du fer pour en percer les secrets. Le hic c'est qu'à la lecture des rapports de Matabei, sa famille fut persuadée qu'Enguerrand n'était pas ce qu'il prétend, un habile mercenaire au service de la Chrétienté. Elle a demandé à Matabei de cesser de cultiver ses légumes pour venir "discuter" avec celui qu'elle soupçonne être une véritable menace pour l'honneur du clan, mais qui a plusieurs fois sauvé la vie du jeune "cartographe"...] Clermont (à l'heure du singe / 30 août 1455) Sur l'arbre, en pleine méditationMatabei était assis dans un chataîgner. Il avait longuement marché dans la forêt et finit par arriver à proximité de la route qui mène à Compiègne. L'arbre offrait une magnifique vue dégagée. Fidèle à son habitude, il avait cueilli une fleur sauvage et avait grimpé le long du tronc pour atteindre une de ses branches les plus basses. Il s'y était assis dans la position du lotus. Les yeux rivés sur le fleur, il y concentra toute son attention.
C'était un vieux truc que lui avait appris Matsumaya Kaze et il lui en était très reconnaissant. En se concentrant sur un objet, on peut se débarrasser du fatras qui encombre l'esprit. Quand on cesse de penser à quelque chose de particulier, on ne pense plus à rien. Cela favorise les révélations et nourrit la compréhension. La conscience s'ouvre et de nouvelles idées arrivent en provenance non du cercle étroit du moi, mais du vaste univers de l'éveil.
Quand il estima avoir fini de contempler la fleur -- au bout d'une minute, d'une heure? Il n'aurait su le dire -- il la laissa tomber et la regarda chuter vers le sol. Elle tournoyait au gré du caprice de la brise. Comme nos vies, songea-t-il, tellement à la merci des circonstances et des actes d'autrui. La tête inclinée, l'âme désormais au repos, il fixa le sol sans regarder quoi que ce soit et commença à méditer. Il laissa son esprit trouver la solution du problème qui se posait à lui, se fiant aux ressources profondes de ses sens plutôt qu'aux compétences limitées de son intellect.
Il faisait nuit quand Matabei termina sa méditation. Il fut surpris de se retrouver dans le noir, sous un ciel constellé d'étoiles. Il se laissa choir et atterrit avec une légèreté féline, même si ses muscles étaient un peu raidis par l'inactivité. "Maintenant, c'est l'heure et l'heure c'est maintenant" , pensa Matabei. Il avait réussi à faire le vide. Ce n'était pas évident, mais son maître l'y avait bien préparé. "Nous avons tendance à penser que la vie quotidienne diffère d'un moment de crise; c'est ainsi que quand le moment d'agir arrive, nous ne sommes jamais prêts" , avait-il dit le jour où Matabei n'avait pas su pas comment réagir à une situation inédite. "Cette attitude tend à prouver que nous ne faisons pas le différence entre le 'temps' au sens large et le 'moment présent'. Comprendre l'expression 'l'heure c'est maintenant' signifie se préparer constamment à l'imprévu. Peu importe que cela arrive ou non, il faut être prêt en permanence. Tu passeras la nuit dehors pour t'en rendre compte. " avait-il précisé.
Désormais, Matabei était prêt. Il était prêt à affronter son ami, celui à qui il devait plusieurs fois la vie. Il s'agissait d'une question d'honneur. Il en était de son devoir et il n'avait guère le choix. Il prit ses affaires et commença la route.
Dernière édition par le Lun 17 Déc 2007, 12:11 pm, édité 3 fois | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 2:49 pm | |
| Plus à l'est
Pour la dernière fois, Enguerrand vérifia si tout était en ordre. Le convoi dont il avait la charge était composé de quatre lourds chariots remplis de tonneaux et d'une cariole bâchée pour les vivres et le matériel. Cette mission l'étonnait un peu. En principe, il s'occupait du renseignement et rarement de protection. Pourtant, la Manoa avait bien insisté, c'était à lui qu'il incombait de suivre ce chargement. Pour cela, il avait choisi ses meilleurs hommes: les deux puissants guerriers Nordes, qui combattaient à ses côtés depuis les rives de la Volga, Josep le catalan, qui n'avait pas son pareil à la guisarme, et quelques génois parmi les plus habiles à l'arbalète et à la dague. L'Ahuri ferait l'éclaireur comme à l'accoutumé.
Une chose chagrinait Enguerrand toutefois ... Cela faisait plus de deux ans qu'il travaillait avec Gènes et il avait tout lieu de penser qu'il avait gagné la confiance de ces commerçants nés. Or, pour la première fois depuis longtemps, il avait discerné de la malice dans le regard de celui qui lui avait transmis l'ordre de marche. Son instinct de survie s'était brièvement réveillé. Au dernier moment, il se décida de rajouter un "compagnon" au voyage. Il préférait voyager avec celui-ci pour pouvoir le mettre personnellement à l'abri si le besoin s'en faisait sentir.
Après Reims, en direction de l'ouest
Le voyage se déroulait sans histoire. A cette époque de l'année, les routes étaient particulièrement encombrées. Des quatre points cardinaux convergeaient toutes les marchandises à échanger dans les foires de Champagne. A hauteur des carrières de Reims, du haut de la carriole qu'il dirigeait, Enguerrand remarqua pour la première fois quelque chose d'étrange. Il attendit un peu, puis appela Marco qui marchait d'un pas trainant à l'avant du convoi. Sous ses airs de paysan bourru et indolent, Marco dissimulait un don: sa vue d'aigle. Sa précision à l'arbalète était digne de celle de Wilhelm Tell.
"Marco, viens ici" héla Enguerrand. Celui-ci s'exécuta soudainement attentif à ce qui l'entourait. "Dis-moi", poursuivit Enguerrand quand Marco l'eut rejoint, "A quelle vitesse notre convoi avance-t-il?" Marco réfléchit un peu étonné d'avoir à répondre à une telle question: "Hum, je dirai à 3, 4 lieues par jour." Enguerrand sourit: "Et toi, Marco, combien de lieues tu peux faire en un jour?" Cette question fit rougir Marco, qui y vit un reproche. Il répondit tout de suite: "Au moins 5 lieues, chef. Si je trainais la jambe, c'était juste pour suivre le rythme du convoi".
"Très bien, Marco. C'est ce que je voulais entendre," répliqua Enguerrand sans cesser de sourire,"alors maintenant dis-moi ce que tu vois derrière nous, à environ 150 brassées?" Marco s'exécuta rapidement et poursuivit "Deux personnes, deux pélerins. Chacun d'entre eux a un long baton et un petit barda. Ils avancent calmement et paraissent en bonne forme." Le sourire d'Enguerrand se figea quelque peu: "C'est curieux, non? Ils sont derrière nous depuis Reims et nous allons bien moins vite que des marcheurs... Dis aux autres que nous sommes suivis". Il tapota trois coups brefs sur le bord de la carriole, puis resserra la sangle de son armure. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 2:54 pm | |
| Compiègne (à l'heure du dragon / 2 septembre 1455) Dans les tavernes de la ville
Matabei était arrivé à Compiègne au lever du soleil. La ville était animée avec les premiers jours de la foire. Il n'avait jamais été à l'aise dans la foule. Chez lui, les choses étaient plus simples. Le système des castes imposait une hiérarchie et, pour quelqu'un de sa qualité, il était inimaginable d'être bousculé en pleine rue par une horde de gamins ou d'être interpellé par un poissonnier qui manipulait sa marchandise sous votre nez... Le simple fait d'être dévisagé ou touché pouvait être sanctionné par la mort.
Matabei repensait à tout cela alors même qu'il se demandait si la tête du poissonnier ne pourrait pas avantageusement remplacer les poissons de son étalage. Il avait compris depuis longtemps les limites d'un tel système. Après tout, n'était-il pas ici qu'un simple maraicher. La liberté et le respect sont nécessaires pour évoluer. "L'humilité est le plus grand des maitres", disait Shinsei et pour comprendre cela il fallait pouvoir faire abstraction de sa condition.
C'est à ce moment là, qu'il arriva devant la porte d'entrée du Coq Rouge. Il y entra à la recherche d'informations sur les vendeurs de tonneaux. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 3:00 pm | |
| Compiègne (à l'heure du cheval / 2 septembre 1455) Un entrepôt dans le quartier marchand
En dépit de ses craintes, aucun incident ne vint perturber la fin du voyage. A Compiègne, Enguerrand et ses hommes se dirigèrent vers le quartier marchand où un entreprôt avait été loué à leur intention par la Manoa. Son représentant local les attendait en compagnie de quelques uns de ses sbires. Avec leur aide, Enguerrand fit rapidement décharger les chariots. Les tonneaux s'empilaient dans l'entrepôt en ne laissant que peu de place pour se déplacer. L'affaire avait été rondement menée et ses hommes méritaient bien une permission en récompense de leurs efforts. Il en garda la moitié, comptant sur les sbires de la Manoa pour assurer la protection du chargement. Il monta avec le reste de ses compagnons au premier étage de l'entrepôt où se trouvait divers bureaux et chambres qui devaient leur servir de quartier pendant la durée de la foire. Peut-être devrait-il lui aussi se rendre en taverne pour prendre du bon temps? Il hésitait, le voyage avait été long et il ne souhaitait pas donner à son compagnon d'infortune l'impression qu'il était un pilier de bars. Avec un peu de chance un acheteur se présenterait assez vite et ils n'auraient pas à rester longtemps à Compiègne. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 3:07 pm | |
| Compiègne (à l'heure du lièvre / 3 septembre 1455) La porte est franchie sans encombre
L'après midi n'avait pas été très fructueuse pour Matabei. La ville était grande et trop de personnes y circulaient. De plus, et c'était plus fort que lui, il n'avait pu s'empêcher de discuter en tavernes. Les habitants de Compiègne étaient très accueillants et ils avaient cette fâcheuse habitude d'offrir des tournées à tout va. Il était particulièrement difficile de rester sobre et ce d'autant plus que le calva qui lui avait été proposé s'avérait être un délicieux nectar. Tard dans la soirée, ou était-ce tôt dans la matinée, il finit par rencontrer la personne qu'il cherchait. Daidoji Murasaki, la jeune scout qui servait de yojimbo à Asahina Beniha. Comme à son habitude, elle s'était déguisée en pèlerin et il ne l'avait pas reconnue tout de suite. Celle-ci ne lui accorda pas même un regard et il aurait fallu des yeux d'expert pour deviner qu'elle lui avait remis un message en passant près de lui pour quitter la taverne.
A l'issue d'une intéressante discussion sur le point de savoir si Vladimir et Estragon avaient raison d'attendre Godot, Matabei décida que le moment était venu de prendre congé. Une fois dehors, il passa à l'auberge se changer et prit connaissance du message laissé à son intention: "Ce soir à l'heure du lièvre, sur le chemin de l'Oise au numéro 7: porte latérale 1 garde. 3 dans la cour intérieure. 6 dans l'entrepôt dont 2 arbalétriers et votre objectif. Je serai là."
Avec ces indications, Matabei ne mit pas longtemps à trouver l'entrepôt. Il remonta les bords de l'Oise. Les échoppes y étaient nombreuses tout comme les promeneurs, qui profitaient de la douceur de l'été pour se prélasser avant de dures journées de labeur. Fort heureusement, il y avait nettement moins de monde dans la petite rue latérale qui courait le long de l'entrepôt. La faible lumière et l'absence d'attractions expliquaient peut être cela, à moins que ce ne soit la charrette placée comme par hasard au début de la rue. En tout cas, il n'y avait qu'un seul garde à l'entrée.
Sans plus attendre, Matabei avança directement sur lui. A un mètre, il interpella la sentinelle qui se demandait bien ce que pouvait lui vouloir cet hurluberlu. "La porte, s'il vous plait, je souhaiterai voir votre maître," fit-il en remontant la première manche de son kimono. La sentinelle interloquée ne savait quoi faire. Elle balbutia quelque chose d'incompréhensible. Matabei fronça le sourcil, l'air déçu, tout en remontant sa seconde manche. Ses avant-bras étaient maintenant complètement dégagés. "Je suis désolé, je n'ai pas le temps. Ouvrez-moi la porte Murasaki-san". Sur ces mots, le pèlerin qui s'était approché à pas de loup de la sentinelle lui asséna un atemi sur la nuque. Suffisamment pour le neutraliser, pas assez pour le tuer. Pendant que Murasaki fouillait la sentinelle pour prendre les clés, Matabei s'empara de la couverture enroulée qu'il portait sur le dos. Il l'a déroula et se munit de son daisho avant d'entrer en territoire génois. Murasaki lui ouvrit la porte, Matabei se débarrassa de la couverture en la posant sur la sentinelle pour préserver son sommeil et franchit le portail qui se referma derrière lui: "Maintenant, c'est l'heure et l'heure c'est maintenant," pensa-t-il en scannant la cour intérieure du regard. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 3:14 pm | |
| Une passe d'armes dans la cour intérieure
Les informations fournies par Murasaki étaient correctes. Ils étaient trois. Deux s'affairaient devant lui autour d'un chariot et le troisième, visiblement plus jeune, semblait chercher quelque chose sur un établi situé sur sa gauche. Matabei s'avança tranquillement jusqu'au milieu de la cour comme si de rien n'était.
"Holà! Hé, toi!" lança grossièrement un des hommes devant lui en posant la main sur son épée. Matabei s'arrêta; il examina les deux hommes avec attention mais ne prit aucune initiative agressive. L'homme parut s'énerver en voyant que Matabei ne répondait pas: "Tu m'entends?"
"Oui, je vous entends. Ce serait difficile de ne pas entendre une voix aussi douce et polie que la votre." rétorqua Matabei. L'homme hésita et se tourna vers son compagnon en quête d'un conseil sur la conduite à tenir. Son ami prit le relais:
"Tu cherches à jouer au plus malin avec nous?" fit-il en découvrant de grosses dents jaunes en parlant. "Ce serait idiot. Vous me paraissez suffisamment malins." répliqua Matabei toujours très détendu.
"Qu'est ce que cela signifie?" demanda Dents-jaunes. "Exactement, ce que je viens de dire," répondit Matabei. Les deux gardes échangèrent un regard interloqué. Le premier reprit la parole en sortant son épée: "Tu sais à qui tu as affaire?"
"Pourquoi ne pas me le dire?" fit Matabei. "On est de la bande du génois. On contrôle le commerce ici et vous ne pouvez pas rentrer dans cet entrepôt sans être invité ou vous acquitter d'un droit de passage". "Quel droit de passage?" demanda Matabei. "Tout ton argent évidemment", précisa Dents-jaunes content de son bon mot. La confiance revenant petit à petit et il en avait profité pour saisir une longue pique.
"C'est tout?" poursuivit Matabei. "Pourquoi, qu'est ce que tu as d'autre?" interrogea-t-il en menaçant Matabei de sa pique. "Vous n'allez pas essayer de m'assommer, non? Celui qui arrive derrière moi tremble si fort que j'entends cliqueter ses os. Pour trembler de la sorte, il faut qu'il ait une petite idée qui le travaille, comme de m'agresser, par exemple."
Matabei entendit qu'on étouffait une exclamation, derrière lui. Et qu'on s'arrêtait. Excellent!
"On n'a pas peur de te tuer si on y est obligé!" déclara Dents-jaunes. "C'est vrai, on l'a déjà fait" reprit son ami. "Ah oui? Et combien de fois?"
Dents jaunes bomba le torse: "Moi, j'en ai liquidé trois. Tous des petits malins comme toi qui voulaient faire le mariole". "Et moi quatre!" se vanta son compagnon. "Sept hommes! L'œuvre d'une vie, il y a vraiment de quoi être fiers! Vos mères ont rendu un grand service à l'humanité en vous mettant au monde. Et celui qui est dans mon dos, combien en a-t-il tué?"
"Des tas!" prétendit derrière Matabei une jeune voix qui tremblait. "A t'entendre, tu m'as l'air trop jeune pour avoir tué beaucoup de gens," releva Matabei sans se retourner.
Les deux gardes face à lui s'esclaffèrent. "Pas mal vu l'étranger" s'exclama l'homme à la pique. "Gamin, même cet inconnu est capable de dire que tu n'as pas d'expérience. Il y a belle lurette qu'un vrai guerrier aurait transpercé cette grande gueule. Comme ça tiens!" et il se précipita sur Matabei en brandissant sa pique.
Au dernier moment, Matabei fit un quart de tour à droite et, de sa main gauche, dévia la pique qui passait à l'endroit où se trouvait son flanc. Amorçant un tour complet sur lui-même, il dégaina son sabre de la main droite et lui fit décrire un arc de cercle en profitant de sa volte face pour en accélérer la vitesse et augmenter la force d'impact. La lame toucha d'abord le garde à l'épée qui s'était précipité pour aider son compagnon. Le katana de Matabei lui trancha le cou et le thorax et continuait déjà sur sa lancée quand l'homme s'effondra sur lui-même. A cet instant, la main gauche de Matabei rattrapa sa main droite pour continuer l'arc de cercle et pourfendre le flanc de l'autre assaillant qui avait été maladroitement emporté par son élan. Aussi tranchante qu'un rasoir, la lame s'enfonça profondément, juste sous la cage thoracique. L'homme continua d'avancer en chancelant, se tenant le côté, l'air étonné. Il perdit l'équilibre et finit par tomber face contre sol en hurlant de douleur. Finissant son mouvement face au troisième garde, Matabei le regarda droit dans les yeux "Alors?"
L'incident avait duré quelques secondes à peine. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:06 pm | |
| Une simple visite de courtoisie?
"Clap, clap, clap …" Le son des applaudissements résonna dans la cour. Enguerrand et ses hommes venaient d’y pénétrer en sortant de l’entrepôt. Tandis que ses hommes se dispersaient à ses côtés, Enguerrand avait jugé utile de faire part de son enthousiasme devant la pureté et la rapidité du geste de Matabei. "Impressionnant, vraiment impressionnant mon ami. Mais vous pouviez également vous annoncer. Je vous assure que vous auriez été accueilli à bras ouverts …"
Matabei se tenait devant lui à une vingtaine de pas. Il avait encore son arme en mains. " Ainsi c'était donc lui qui était derrière tout cela", pensa Enguerrand. "Pourtant ses motivations ne semblaient pas évidentes. Avait-il découvert ce qui s'était vraiment passé à Constantinople? C'est guère probable. Non, il devait y avoir autre chose."
Un rapide coup d’œil indiqua à Enguerrand que ses deux arbalétriers étaient en position. D’un simple mot, il pouvait leur donner l’ordre de tirer. Les deux carreaux partiraient immédiatement vers le cœur de la cible, mais il savait que cela ne serait pas suffisant. Ce n'était pas cet endroit qu’il fallait viser, mais l’endroit vers lequel Matabei irait une fois les carreaux tirés. Il décida d’abandonner cette idée, trop difficile à mettre en oeuvre, et de gagner du temps pour en savoir plus.
"Marco, Domenico, allez voir si ces imbéciles peuvent encore être sauvés", fit Enguerrand en demandant aux deux arbalétriers d’abandonner leur position pour s’occuper des deux gardes qui continuaient d'agoniser au milieu de la cour. "Sven et Bjorn, Luigi, allez chercher Josep en ville et dites lui qu’il reprend la direction des opérations." Ses interlocuteurs ne comprirent pas la signification de ces paroles. Enguerrand n’eut d’autre choix que de poursuivre en haussant la voix : "Vous tous ici, écoutez-moi. Aucun d’entre vous ne peut rester. Vous devez tous partir. Ce qui suit est une affaire ... de famille, qui n’intéresse que nous. N'est-ce pas Matabei?"
D'un geste, Matabei nettoya son arme qu'il remit ensuite au fourreau. Enguerrand avait encore un peu de temps devant lui... | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:10 pm | |
| Le challenge
Il ne servait à rien d'être désagréable. Matabei suivit Enguerrand à l'intérieur de l'entrepôt. Arrivés au milieu, ils s'arrêtèrent et prirent chacun position de part et d'autre du peu d'espace qui restait encore disponible. Matabei attendit un instant. Il observa Enguerrand et s'aperçut qu'il manifestait une certaine angoisse. C'était bien la dernière des choses à laquelle il pouvait s'attendre. Cela ne collait pas du tout au personnage. Les sens en alerte, Matabei sortit une lettre cachetée de son obi et la tendit à celui qui se faisait appeler Enguerrand: "Ceci est pour vous".
Enguerrand accepta le pli avec une certaine révérence. Le sceau du Champion n'était pas difficile à voir. Il l'ouvrit et en commença immédiatement la lecture. Les premières lignes lui firent froncer les sourcils et il passa rapidement à la fin. Quand il leva la tête, il était livide et sa main tremblait de rage. "Qu'est-ce ... qu'est ce que cela signifie?"
"Dame Doji a décidé que notre clan n'avait plus besoin de vos services et de ceux des Harriers. Elle m'a demandé de mettre fin à vos activités Daidoji-san."
Matabei était relaxé. Son visage dépourvu de la moindre expression ne laissait paraître aucune émotion. Rares sont ceux qui comprennent la mentalité de sa famille. La plupart de ses contemporains pensent que les Kakita sont obsédés par la gloire, qu'ils ne songent qu'à écraser leur adversaire en usant et abusant de leur supériorité technique. Rien n'était plus faux pour Matabei. Pour lui, le résultat d'un duel n'avait pas d'intérêt. Tout ce qui comptait était que sa frappe soit la plus parfaite possible. Chaque duel se déroulait contre soi-même, contre l'imperfection de son être. Matabei savait qu'il n'atteindrait jamais la perfection, mais rien ne pourrait l'empêcher de poursuivre cette quête. A partir de cet instant, Matabei tenait la vie de son adversaire à la merci de sa lame. Celui-ci en sera-t-il digne? | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:18 pm | |
| L'homme sage sait que le champ de bataille ne changera pas et il s'adaptera en conséquence
"Que croyez-vous?" hurla Enguerrand en simulant la rage. "Toute ma vie, j'ai été loyal au clan. Je l'ai servi fidèlement depuis mon gempukku." Enguerrand connaissait Matabei. Il savait qu'il serait très difficile de distraire son attention. Son monde était vide... Enguerrand avait toutefois de la ressource. La présence du jeune kenshinzen lui offrait une opportunité inespérée. Celle d'en finir avec la plus difficile des missions qu'il avait eu à assumer. Il n'avait pas choisi le terrain, mais s'il était suffisamment habile il pourrait faire d'une pierre deux coups: être en paix avec ses ancêtres et trouver son successeur.
"Elle ne peut pas comprendre. Seigneur Kurohito s'est trompé quand il a envoyé sa fille s'entraîner chez les Lions. Ils ont détruit l'enfant qui leur avait été confié. Ils en ont fait une Matsu. Domotai ne respecte que l'honneur et le bushido, mais nous savons ce qui est le plus important: la terre, le riz, l'argent ..."
Tout en prononçant ses paroles, Enguerrand se déplaça légèrement pour s'assurer que ce qu'il présentait était bien en train de se passer. Tout en faisant mine de regarder Matabei afin d'attendre sa réaction - trop poli et sûr de lui celui-ci finirait bien par répondre à sa provocation - il souhaitait savoir ce que son compagnon d'infortune avait l'intention de faire. Impétueux comme il était cela ne pouvait conduire qu'à une catastrophe et il faudrait toute l'ingéniosité d'Enguerrand pour gérer tous ces problèmes à la fois.
"Doji Domotai est notre champion", répondit Matabei en imitant le déplacement d'Enguerrand. "Si vous pensez être à même de discuter ses ordres, vous savez quoi faire", sa main se déplaça au-dessus de la poignée de son katana, la paume vers le haut, comme s'il souhaitait offrir un cadeau.
"Ecoutez-moi", fit Enguerrand en faisant mine de se calmer. Il avait son attention et c'était tout ce qui comptait: "sauf votre respect, Domotai-sama et vous êtes des enfants gâtés. Pour vous tout est blanc ou noir, jamais gris. Vous n'avez aucune idée des choix que nous devons faire quotidiennement. Jamais vous n'avez eu à choisir entre le moindre des maux. Prenez Constantinople. Vous n'avez rien vu n'est-ce pas? A 7 000 contre 120 000 vous pensiez que nous avions une chance? Que pensiez-vous faire Matabei pour sauver la ville, pour sauver ce qui restait du monde byzantin?" Il fallait absolument qu'il réussise à le distraire.
Que tentait-il de faire? Matabei savait qu'Enguerrand n'était pas lâche. Son comportement devait avoir une autre explication. Matabei l'observait attentivement à la recherche du moindre signe susceptible de trahir son assaut. D'ici là, cela ne le dérangeait pas outre mesure de répondre à sa question: "Qu'importe le nombre. Le combat était perdu d'avance, mais il suffit d'une vie pour faire la différence. Si j'avais réussi à défier le sultan, le destin de cette ville aurait pu être différent. Malheureusement mon chemin n'a jamais rejoint Sainte Sophie." | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:21 pm | |
| La vérité
"Oui, une vie peut faire la différence." répliqua Enguerrand qui se demandait combien de temps encore il pourrait abuser de la patience de son interlocuteur. Le moment le plus délicat de sa démonstration était arrivé. S’il y survivait, il était certain de réussir. Prudemment, il écarta les bras, ouvrit les mains et recula de deux pas pour se mettre hors d’atteinte de l’allonge du kenshinzen. "Mais parfois, une vie ne suffit pas Matabei. Et vous êtes bien placé pour le savoir. Dois-je vous rappeler ce qui est arrivé à l’impératrice?"
Enguerrand avait connu bien des batailles, livré de nombreux combats. Il avait déjà vu la haine, la rage, l’envie de tuer dans les yeux de ses ennemis, mais jamais une telle chose. Il n’y avait aucune trace d’émotion dans ce regard, juste une froide certitude : sa mort était imminente.
Matabei cligna enfin des yeux pour ne pas sombrer dans la mélancolie. Enguerrand dut tendre l’oreille pour entendre ce qu'il murmurait: "Pourquoi, ma dame. Pourquoi avoir fait cela? Vous m’aviez ordonné de tous les arrêter et je n’en ai laissé passer aucun." Il raffermit sa position, avança de deux pas et reprit d'un ton monocorde: " Ce n’est pas nécessaire que vous me rappeliez ce qui est arrivé. Si vous avez quelque chose à dire dites-le maintenant que nous puissions en finir."
"Non, je vais vous raconter autre chose, Matabei." poursuivit Enguerrand, qui venait de voir que son compagnon était presque en position de tir. "Je vais vous raconter ce que j’ai fait à Constantinople. Le 23 mai, j’ai sollicité une audience auprès du sultan".
"Du sultan?" interrompit Matabei, dont les pupilles se contractèrent de nouveau. "Attendez …", fit Enguerrand en maintenant les bras ouverts, "Vous n’êtes peut-être pas prêt à l’entendre, mais je dois vous dire ce qui s’est passé. Ce soir là, je lui ai demandé ce qu’il pouvait m’offrir si je lui ouvrais les portes de la ville." | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:24 pm | |
| C’était donc cela. La vérité parait évidente une fois qu’elle est énoncée. C’était Enguerrand ou l’un de ses hommes qui avait laissé ouverte la kerkoporta, la porte par laquelle les turcs avaient réussi à percer les défenses byzantines pour envahir Constantinople. Cela n’avait fait que précipiter l’inéluctable et Matabei devait certainement la vie à l’accord passé avec le sultan. Jusqu’au bout le Daidoji avait cherché à protéger la vie de Matabei comme il était de son devoir, mais sa vie ne valait pas le prix d’un tel acte. "Pour vous tout est blanc ou noir, jamais gris", avait-il dit tout à l’heure… Il devait y avoir autre chose.
A ce point de ses réflexions, l’attention de Matabei se focalisa sur le jeu de mains d’Enguerrand. Celui-ci venait de fermer son poing gauche pour le rouvrir, se servir de l’index pour représenter une courbe et finir par montrer quatre doigts. Matabei savait que les Daidoji utilisaient le langage des signes pour communiquer sur le champ de bataille. Que pouvait-il bien dire? S’ils étaient six à l’intérieur de l’entrepôt, il ne devrait plus rester maintenant qu’Enguerrand. Peut-être ne s’agissait-il là que d’une diversion.
Sur ces gardes et au bénéfice du doute, Matabei décida de prendre la perche tendue: "Et qu’est-ce que le sultan a bien pu vous promettre en récompense de votre trahison ?" | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:30 pm | |
| "Trahison … Comme vous y allez", répliqua Enguerrand. "Toujours aussi prompt à juger les autres. Mais, tout le monde n’est pas aussi parfait, tout le monde n’est pas aussi gâté. Pendant que vous vous amusiez à peindre ou à danser, vous gaussiez à l’idée de porter une armure ou de tirer à l’arc, discutiez à longueur de journée de l’odeur de la papaye ou du cri de la mouette, nous agissions. Pour vous laisser la lumière, nous nous occupions des ombres. Alors permettez à l’histoire de juger ce qu’elle ne pourra savoir. La chute de Constantinople devait marquer la fin d’une époque. Les richesses et la culture de cette civilisation se perdre au fil du temps, laissant le reste de l’Occident se complaire dans la médiocrité de ses combats."
"Vingt personnes, Matabei. Voici le prix de mon action. Le sultan m’a laissé la vie sauve ainsi qu’à mes hommes et il m’a également permis de choisir 20 personnes dans le butin destiné à l’esclavage ou au harem. Alors que vous cherchiez à défier le sultan, celui-ci m’a donné les moyens de sauver l’âme de Byzance. Vingt personnes, c’est peu et beaucoup à la fois. J’ai choisi 2 mathématiciens, pour que les bases de l’algèbre et de la géométrie soient préservées, 2 cartographes et 1 astronome, parce que la connaissance du terrain est garante de prospérité et qu’il doit bien y avoir une voie maritime pour rejoindre notre pays, 2 architectes et 1 ingénieur, pour transmettre ce savoir unique qui fit de Constantinople l’une des plus belles villes du monde, 2 pharmaciens, formés à la botanique et à la médecine, 2 peintres et enlumineurs, dont l’un s’est juré que sa descendance se fera connaître sous le nom d’El Greco, 3 philosophes, 2 musiciens, 1 poète, 1 cuisinier ... "
Enguerrand s’arrêta un temps puis reprit. "Ces 19 personnes ont suffisamment de savoir et de connaissances pour diffuser en Occident l’héritage grec et romain oublié dans les ténèbres e détenait l’empire Byzantin. Elles sont déjà à l’œuvre à Florence, à Gênes ou à Venise. Je crois sincèrement qu’elles permettront l’avènement d’un age nouveau, d’une renaissance. ... Maintenant, mon temps est venu. Mes actes et ceux des miens ont été jugés indignes."
Sur ce Enguerrand donna à la vingtième personne l’ordre de tirer. | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:52 pm | |
| Vivre par le sabre, mourir par le sabre
Etait-ce dû au geste d’Enguerrand ou au bruit mat de l’arbalète? En tout cas, la réaction de Matabei fut immédiate. Il brisa sa garde en pliant le genou droit, ce qui eut pour effet de le déséquilibrer dans cette direction. Il serait certainement tombé si son sabre – dégainé au même instant – n'avait pas accompagné ce mouvement pour lui permettre de ne pas perdre l'équilibre. Une fois sorti du fourreau et arrivé au terme d’un grand arc de cercle sur la droite, le sabre prit le contrôle des opérations.
Il suffisait maintenant au sabre de casser la main qui le tenait et de partir dans l'autre direction, vers la gauche, pour initier une frappe dévastatrice. La cible était cette masse sombre située à quelques pas. D’un mouvement du poignet, le sabre entama l’accélération finale. Il savait que l'autre main le rejoindrait avant la fin pour augmenter encore la force de l’impact. Il savait également que toute l’énergie du kenshinzen était consacrée à ce bond mortel qui venait de commencer. Une frappe, une vie, pensa le sabre sans être distrait par le carreau d’arbalète qui passait à deux doigts de Matabei, à l'endroit même où celui-ci se tenait il y un instant. L’impact se fera sous le bras gauche et remontera de bas en haut pour sortir au niveau de la clavicule droite. La mort serait instantanée, le coeur se trouvant sur le chemin de la lame.
Déjà le sabre pensait au coup d’après. A l’assaut qui venait de commencer sur les arrières. Il faudrait parer une ou deux armes et riposter. La frappe finale se ferait sans doute au niveau de la taille ou du cou selon le niveau de l’attaque.
C’est alors qu'une chose incroyable se passa… | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 4:55 pm | |
| La lame se figea. Elle s’arrêta net avant l’entaille. Cela eut pour effet de déséquilibrer Matabei, qui dut se servir du mur de caisses pour garder un semblant de dignité. Dos au mur, sa cible sur la droite, Matabei se remit immédiatement en garde pour parer l’attaque d’Enguerrand. Ceci n’était que réflexes, une anticipation des actions probables de ses adversaires. C’est à cet instant seulement que son cerveau prit conscience de ce qui s’était passé.
Enguerrand n’était plus une menace. A genoux devant lui, il arrivait difficilement à réprimer l’hémorragie suscitée par le carreau d’arbalète qui l’avait frappé en plein cœur et qu’il avait amorti en plaçant sa main à l’endroit même où l’impact allait avoir lieu. Quant à sa cible … Matabei comprenait maintenant qui était la vingtième personne sauvée de Constantinople. "Ses yeux", pensa-t-il, "elle avait les yeux de son père… " | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Lun 12 Nov 2007, 5:02 pm | |
| Le dénouement
"Et voilà, Matabei …", commença Enguerrand avec ce qui lui restait de souffle, "Il suffit d’une vie pour faire la différence ". Sa respiration devenait plus difficile, mais il trouva la force de sourire.
"Permettez-moi de vous confier votre nouvelle charge, Matabei-san. Je vous présente Irène Dragas, du nom de sa grand-mère. Née dans la pourpre, elle est la fille de Constantin XI Paléologue, le dernier empereur de l’empire romain d’Orient. Son empire n’est plus que symbolique, mais comme le notre il repose sur la culture et la connaissance."
"Quant à vous, Irène-sama. Je vous remets entre les mains des miens. Je ne puis plus rien pour vous, mais j’ai au moins la certitude de vous laisser aux bons soins d’un esprit pur. " Ils échangèrent un dernier regard, puis Enguerrand se tourna vers Matabei pour lui signifier qu’il ne souhaitait pas mourir tué d’un simple carreau d’arbalète.
Matabei comprit. Il se rapprocha en se plaçant devant Irène de manière à lui cacher ce qu'il faisait. Puis, d'un geste précis il accorda à Enguerrand ce qu'il souhaitait: une mort digne d'un samurai. | |
| | | Asahina Beniha Sobre
Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 25/06/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Dim 16 Déc 2007, 7:54 pm | |
| Il y eut un long silence (très long : …), entrecoupé de quelques sanglots, puis comme un appel d’air. Une porte venait de s’ouvrir. Un vent frais s’engouffrait à l'intérieur de l’entrepôt. A sa suite, une bâche qui recouvrait les tonneaux se détacha pour recouvrir la quasi-totalité du corps d’Enguerrand. Le son délicat des sandales glissant sur la terre battue ne tarda pas à résonner précédé de pas feutrés de Murasaki. C’était Asahina Beniha. Elle était lumineuse dans son magnifique kimono. Arrivée devant Irène, elle s’inclina profondément en prenant soin de conserver les mains dans ses manches en signe de paix. Quand elle se redressa, un large sourire traversait son visage. Ce type de sourire chaleureux et communicatif qui vous donne envie d’écouter. "Ma dame," commença-t-elle d’une voix mélodieuse et amicale, "au nom de dame Doji et de notre champion, Doji Domotai, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue. Nous honorerons la promesse faite à votre père. Nous vous protégerons comme cela vient de nous être demandé. Pour cela, je vous propose de nous suivre. Je vais vous emmener en un lieu où vous n’aurez plus rien à craindre. Vous verrez, nos jardins sont aussi beaux que ceux des Blachernes et nos mœurs peuvent être aussi raffinés que les vôtres." La jeune femme paraissait reprendre un peu espoir en écoutant ces paroles. D’un geste, Beniha indiqua à Murasaki de s’approcher d’Irène et de l’aider à quitter ces lieux. Elle les rejoindrait dans un instant. "Daidoji Naito" , fit-elle en montrant le corps d'Enguerrand, "j'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'Ekkiken, mais non ce n'est pas lui. Un autre harrier a rejoint la poussière et le cycle de la vie peut reprendre. Je vais prevenir les siens de ce qui lui est arrivé." Elle tourna la tête vers Irène pour l’observer s’en aller, puis s'approcha de Matabei pour continuer de parler d’une voix à peine audible: "Vénéré gardien, vous pouvez encore rester en ce pays. Je dois, toutefois, vous informer que le championnat d’Emeraude s’est mal terminé. Votre daimyo et sensei Kakita Noritoshi a refusé de combattre en finale. Il a quitté le terrain furieux, sans un mot, sans même se battre. Son opposant était un courtier peu connu Shosuro Jimen. Matabei, je suis désolé, mais nous avons désormais un Scorpion comme champion impérial. Les choses vont changer … et pas nécessairement en bien." Elle lui laissa le temps de mesurer l'énormité de ce qu'elle venait de dire, puis continua. "Je ne veux pas vous leurrer, votre retour en grâce n’est pas pour aujourd’hui. Lors du récent championnat de Jade, auquel j’ai eu l’honneur de participer - ce qui explique ma longue absence -, votre nom a été longuement évoqué par les Dragons et les Scorpions. Ils souhaitaient vous dire 'adieu'. L’ambiance était déplorable. Ni moi, ni Nizomi avons pu faire quoique ce soit pour remédier à cela en dépit de tous nos efforts. Je ne sais si c’est lié, mais il m'a également été rapporté que Mirumoto Ryosaki vous cherchait. J'ai peur qu'il ne s'agisse pas d'une simple rumeur." | |
| | | Kakita Matabei Complètement ivre
Nombre de messages : 384 Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) Dim 16 Déc 2007, 8:30 pm | |
| Matabei ne souhaitait pas discuter de ce qui était arrivé à Noritoshi. Comme tous les kenshinzen, il en avait été directement informé par leur sensei. Pour se battre, cette ordure de Jimen avait utilisé tous les moyens à sa portée, y compris les plus vils. Il avait été jusqu'à empoisonner le propre fils de Noritoshi, lequel faisait déjà l'objet d'une malédiction qui l'empêchait de toucher l'acier. Noritoshi avait obtenu l'autorisation de Domotai de partir en "pèlerinage". Il avait quitté toutes ses fonctions. Korihime le remplaçait désormais à la tête de l'académie. Dans les jours qui ont suivi cette affaire, toutes celles et ceux qui, au sein du clan, ressemblaient de près ou de loin à Kakita Mai, sa redoutable épouse, et à son fils, furent invités à Shiro sano Kakita. Les festivités durèrent deux jours, puis tous rentrèrent chez eux. Le lendemain, il n'y avait nulle trace du daimyo Kakita, de sa femme et de leur enfant.
Il préféra poursuivre sur l'autre sujet. "Mirumoto Ryosaki, la fille de Doji Reju, mon prédécesseur. Elle a porté Yogen un moment avant de reprendre le daisho de son père", répondit Matabei. "S'ils envoyaient quelqu’un pour me dire 'adieu', j’ai du mal à croire qu’il puisse s'agir d'elle", songea-t-il tout haut, avant de reprendre: "Qu'importe en fait, Beniha-san, je n'ai pas le temps de m'occuper des rumeurs. Pourriez-vous faire en sorte que personne ne me trouve. J’ai trop à faire par ici pour traiter avec les ambitieux ou les orgueilleux. Je dois assumer mes actes et ce qui a pu en résulter. Il serait déshonorant d'espérer le moindre retour en grâce après ce qui s'est passé".
Il attendit un peu pour s'assurer qu'elle avait bien compris. Quand ce fut le cas, il poursuivit avec un large sourire. "Ma dame, ne nous laissons pas abattre par de telles nouvelles. Nous surmonterons ces difficultés avec panache et classe comme à notre habitude. A ce propos, et pour changer de sujet et redevenir léger, j'ai un service à vous demander, quelque chose qui j'en suis sûr est dans vos cordes et vous réjouira autant que moi." Le visage de Beniha s'éclaircit de nouveau. Il se pencha alors vers elle pour formuler sa requête. D'un hochement de tête, elle lui indiqua qu'elle s'en occuperait avec grand plaisir.
"Un courtier ne doit jamais rester inactif", pensa Matabei en se dirigeant vers la sortie de l'entrepôt non sans avoir salué une dernière fois la dépouille de son ami.
[FIN DU CHAPITRE 2] | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Le pavillon de thé et son jardin (B3) | |
| |
| | | | Le pavillon de thé et son jardin (B3) | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |