Le pavillon de thé et son jardin (B3)

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Kermor se réveilla. Elle resta un long moment dans son lit a essayer de ce souvenir de la veille au soir. elle avait un peu mal a la tête. Elle se releva doucement et s'habilla. Quand elle sorti de sa chambre elle vit sa robe pleine de farine et sourit. Les évènements de la veille lui revinrent en mémoire. Sacré soirée après le mariage...

Kermor attrappa un fruit et se dirigeait vers la porte lorsqu'elle entendit un bruit. Elle s'arrêta net, regarda autour d'elle et attrappa une poele. Le bruit venait du salon. Elle s'avança doucement et vit Zakkarit endormi dans un fauteuil. Elle reposa doucement sa poele en souriant et s'approche de lui. Elle déposa une couverture sur lui. Il avait passé la nuit dans ce fauteuil, il allait avoir mal aux articulations...
Kermor lui déposa un baiser sur le front puis alla dans la cuisine pour écrire un message.

Citation :

Zakk,
Merci de m'avoir raccompagné heire soir, je n'ais pas voulu te réveiller ce matin, mais je dois faire un saut chez Toutan et Fild. Je ne rentrerais que tard alors m'attend pas et fais comme chez toi. A plus tard.
Kermor

Kermor posa le mot en évidence sur la table avec la corbeille de fruit. Elle sortit du pavillon et prit le petit chemin de terre qui passait par les jardins avant d'aboutir ches ces amis.

Catheolia et kermor marchaient bras dessus bras dessous, précédées de Matabei. Le trajet se fit en silence, chacun ayant encore un peu de fatigue de la veille qui les engourdissait.
Mais les filles avaient laissé un sacré foutoir dans le pavillon la veille et il fallait bien ranger...

Arrivée à la porte du pavillon, Cath tourna la poignée et entra tout en se déchaussant. Apercevant Zakk sur le bord de fenêtre, elle s'exclama :

Tiens! Coucou toi! Ben alors, on rêve?

Zakkarit sursauta en entendant Cath parler. Il était perdu dans ses pensées et ne les avait pas entendues arriver. Il leur sourit en lui répondant.
-Le rêve est le meilleur moyen de voyager seul que je connaisse. Avec, il n'y a pas de brigand ni de mauvais temps.

Il descendit du rebord de la fenetre, et alla serrer la main de Mata, puis fit un gros bisou et un gros calin a Cath et Kermor.
-J'espere que vous ne m'en voudrez pas d'avoir passer la niut ici, je ne me sentait pas de faire de trajet d'ici a la maison d'Ely et Kelly au beau milieu de la nuit.

Kermor allait mieux avec la tisane que Matabei lui avait fait boire. Elle marchait avec son amie, et quand elle arrivèrent au pavillon, elle apperçu Zakk a la fenêtre en trein de rêver.

Tu es encore là? Et après on va dire que c'est moi qui boit? lol

Kermor fit un bisou a Zakk pour lui dire bonjour.

Merci de m'avoir raccompagné hier soir Zakk. Et je n'ais pas eu le cpeur a te réveiller ce matin quand je suis partie. Tu dormais si bien dans ton fauteuil!

Le sourire de Zakkarit s'élargit, et il s'étira longuement aprés sa longue immobilité.
-Mas c'était tout naturel. Et si je suis resté, c'était pour avoir de tes nouvelles aprés cette soirée que tu a.... bien arrosé selon mes souvenirs.

Il se retint de rire en regardant Kermor dans les yeux, et ne bougea plus de sa position.

Zakkarit haussa les épaules, et se prépara a partir. Il fit un gros bisou a Cath et Kermor en leur souhaitant une bonne continuation de leur journée.
-A la prochaines, mes deux anges.

Il partit ensuite avec Matabei en direction de la maison de Kelly et Ely. Ses deux diablotins devait l'attendre depuis un moment afin de se faire les griffes et les crocs sur lui

Clermont (8ème jour du serpent / juin 1455)
De retour

Matabei était de retour dans ce qui était sa première demeure depuis son arrivée à Clermont: le pavillon de thé. Dame Kermor avait tout impeccablement rangé. Il retrouvait son futon, ses pinceaux et son écritoire. Il referma la porte derrière lui, plia deux grues qu'il déposa à proximité de l'entrée et commença à méditer sur son destin.

(Matabei 70/1000)

Clermont (une nuit de pleine lune)
Dans la forêt, près de l'autel (1. la forge des lames)

Depuis quelques jours, Matabei avait fini de méditer. Le difficile rite de purification, préalable nécessaire à toute forge, était terminé. Son esprit était vide de toute distraction et il pouvait maintenant tout entièrement se concentrer sur cet art si délicat qu'est la métallurgie.

La forge était prête depuis bien longtemps, les enduits avaient pris et les matériaux avaient tous été réunis. La lune était pleine et les ancêtres avaient été honorés de longues prières. Il était temps de commencer.

Le daisho du samurai est composé de deux lames: l'une pour la gloire, l'autre pour l'honneur. La particularité de ces lames réside dans leur qualité inégalée. Ces lames ne se cassent pas, ne se tordent pas et gardent leur tranchant. Elles sont dures et souples à la fois. Des qualités contraires qu'il est quasiment impossible de concilier. Depuis des générations, la famille de Matabei s'efforçait de répondre à ce défi et avait mis au point un processus très complexe afin de pouvoir forger des lames quasiment parfaites.

Dans un premier temps, Matabei se consacra à la production d'acier brut, le tamahagane. Pour ce faire, il avait soigneusement choisi son minerai, qu'il fit fondre avec un mélange de sable ferrugineux et de charbon de bois. C'est, à ce stade, qu'interviennent les secrets enseignés par Yasuragi et les maîtres forgerons qui l'ont suivi. Les morceaux d'acier ainsi produits seront alors cassés en petits bouts de 3 à 5 cm et trié suivant leur teneur en carbone. Il réunit ces morceaux en un seul bloc, qu'il chauffa sur un feu de charbon de bois. A bonne température, il prit ensuite son marteau pour aplatir ce bloc, qu'il trempa finalement dans un bassin d'eau et recassa de nouveau en une série de petits morceaux. Il répéta cette opération plusieurs fois.

Dans un deuxième temps, quand Matabei estima que la brique de métal était prête, il la chauffa et la forgea directement sur l'enclume en pliant le métal plusieurs fois pour concilier souplesse et dureté. Ce procédé permettait à l'acier de se débarrasser de ses dernières impuretés et finissait d'uniformiser la teneur en carbone. Bien sur, chaque forgeron avait sa manière de forger et de plier le métal. Ce travail sera visible plus tard sur la lame. Ce sera le grain de l'acier. En forgeant, il prenait soin de distinguer le tranchant et l'extérieur de la lame, faits d'acier très dur, du cœur et du dos, faits d'acier plus doux. Il utilisait ces deux qualités d'acier pour enrober l'acier doux d'une couche plus dure. Une fois la forme de la lame obtenue, ce qui lui prit de très longues heures, il arriva au stade de la cuisson et de la trempe.

Cette troisième étape est sans conteste l'une des plus délicate. Pour cela, Matabei recouvra la lame d'un mélange d'argile, de poudre de charbon de bois et d'une substance mystérieuse qui constituait le secret de fabrique des Kakita... Ce travail fini, il chauffa la lame sur un feu de charbon de bois, et quand il estima la bonne température atteinte, il plongea la lame dans l'eau. Le tranchant, moins protégé par une mince couche d'argile, se refroidit plus vite que le reste de la lame, et acquiert à cet instant sa dureté définitive. C'est également à ce moment qu'apparaît la ligne de trempe qui distingue les deux parties de la lame. Sur la partie la plus trempée, le choc thermique transforme l'acier en une structure appelée martensite. Il s'agit de fins cristaux extrêmement durs qui expliquent le redoutable tranchant de ces lames. De même, le choc thermique étant diffèrent sur chaque lame, c'est à cette occasion qu'elles se courbent.

Le moment était venu de polir ces lames, mais ceci est une autre histoire.

Clermont
Dans la forêt, près de l'autel (2. le polissage des lames)

Matabei devait assumer tous les rôles, celui du forgeron comme celui du polisseur. C'est au stade du polissage que les lames du katana et du wakizashi vont subir leurs dernières transformations. Ce processus est aussi long et délicat que la forge et le trempage. Il s'agit non seulement de donner une forme et un tranchant parfaits à ces lames mais aussi de révéler leur âme et mettant en valeur les variations cristallines qui ont été générées lors des étapes antérieures.

Pour ce travail, Matabei utilisa plusieurs meules au grain de plus en plus fin. Il commença par une meule en granit, puis se servit de meules en grès, pour enfin finir avec une meule en calcaire. De forme rectangulaire, ces meules étaient posées tour à tour sur un bloc de bois qu'il calait au moyen d'une pince maintenue par le pied. Cette position n'était pas sans rappeler celle des pratiquants de sabre lorsqu'ils dégainent en position assise. Il lui avait fallu au moins dix mois pour s'y habituer. De temps à autre, il humidifiait la meule en l'aspergeant d'eau.

Le polissage est un processus lent, qui s'effectue à l'aide d'un mouvement de va-et-vient de la lame sur la pierre. Terriblement répétitif, ce mouvement obligeait Matabei à faire preuve d'une extrême concentration et d'une grande précision. L'erreur ne pouvait être rattrapée et défigurerait la lame à tout jamais.

Dans ce domaine deux écoles s'opposent depuis la nuit des temps, la première, celle de la famille Kaiu, du clan des Crabes, préfère laisser aux lames leur beauté brute, la ligne de trempe ombrée étant seulement révélée par une pierre acide. Ces lames étaient simples, efficaces et résistantes, des qualités appréciées de ceux qui n'ont guère le temps de réfléchir avant de tuer. La seconde école, celle de la famille Kakita, souhaitait plutôt mettre en valeur la lame pour en renforcer les contrastes et en manifester le caractère. Leurs lames étaient agiles, rapides et difficiles à maîtriser. Pour Matabei, le choix était facile même s'il avait le plus profond respect pour les techniques Kaiu: on ne comparerait pas un cheval de trait à un pur sang...

Après avoir consacré plus de dix jours à polir ses lames, Matabei se munit de la dernière pierre, celle que lui avait apportée le Kenku. Cette pierre venait directement de la veine familiale, qui se trouve à proximité immédiate de la forge dédiée à Yasurugi. Sa pureté n'avait pas d'égale. Matabei la brisa en fragments de la taille d'un grain de riz et en déposa une petite dizaine sur la lame qu'il emprisonna sous son pouce.

Doucement, avec précaution, il les frotta afin de révéler le grain de l'acier et de donner aux lames un aspect argenté qui suivait soigneusement tous les contours des lignes de trempe. Il fit de même avec l'arrête de ces lames, pour séparer la pointe du corps, et termina son travail en les tamponnant d'un mélange d'huile et d'oxyde de fer pour le protéger de la rouille.

Longuement, patiemment, les lames étaient nées du feu. Elles avaient connu le fer, l'argile et l'eau, le frottement de la pierre. Une dernière épreuve devait encore être franchie, la lame du katana devait maintenant être testée et parvenir à dompter l'air et le vide. Ce ne sera qu'à partir de ce moment, celui du chant, que Matabei pourra finalement apposer sa signature sur ces armes et s'efforcer de faire honneur à ses ancêtres.

A l'heure convenue, les deux invitées se présentèrent au pavillon. Le bruit de leurs pas rapides sur le gravier résonnait encore quand la porte s'ouvrit pour leur permettre de rentrer. Beniha n'avait jamais été formellement présentée à Matabei et c'était un immense honneur pour elle de le rencontrer.

"Kakita-san", commença-t-elle en rabaissant sa capuche avant de s'incliner de telle manière qu'il puisse voir sa nuque, "Je suis extrêmement honorée que vous acceptiez de nous recevoir en votre demeure. Je sais que votre temps au service de l'impératrice est précieux et je vous remercie pour ce moment que vous nous permettez de passer en votre compagnie."

"Asahina-san", continua Matabei en s'inclinant également, "C'est un honneur de pouvoir être présenté en cette lointaine contrée à une aussi digne représentante du clan des Grues. Les envoyées de Dame Doji sont toujours les bienvenues en ma modeste maison et il est de mon devoir de vous assurer la quiétude et la tranquillité dues à votre rang. Je vous en prie, Asahina-san, me feriez-vous – ainsi que votre yojimbo – le plaisir d'accepter une tasse de thé." Sur ces mots, Matabei se retira de la porte pour laisser entrer les deux voyageurs.

Elles entrèrent avec toute la grâce requise. Murasaki aida Beniha à retirer sa cape de pèlerin, lui permettant ainsi de laisser admirer la magnificence de son kimono. Les éclats de la soie brillaient intensément sous la lumière du jour. Les dessins imprimés sur l'étoffe ainsi que le soin mis au nouer la ceinture ou à structurer la coiffure ne faisaient que mettre en valeur la beauté naturelle des enfants de Doji. A ses côtés, Murasaki avait le corps de ces athlètes qui ne se destinent pas à la danse. Une musculature puissante, des épaules carrées, la coupe courte et dégagée de ceux qui sont habitués au port du casque. Sa spécialité n'était sûrement pas la rédaction de haïku.

Les deux jeunes femmes s'installèrent sur les tatami à proximité du réchaud, Murasaki légèrement en retrait et sur la droite de Beniha, pendant que Matabei préparait le thé. Le regard perçant de Beniha avait déjà fait le tour de la pièce et elle prit soin de faire les commentaires d'usage en ce qui concerne la gravure et la composition florale qui se trouvaient dans le tokonoma.

Le moment venu elle accepta la tasse que lui tendit Matabei. Après en avoir dégusté la délicieuse substance et marqué son appréciation, Beniha commença l'inéluctable rituel qui caractérise ses fonctions de courtier: "Votre générosité nous rend plus humble Kakita-san. Je remercie les fortunes d'avoir pensé à apporter un petit présent à votre intention. De telle manière, ma disgrâce ne sera pas complète." Au même instant, Murasaki déposa devant-elle une longue boîte en bois, qu'elle poussa légèrement vers Matabei en s'inclinant jusqu'à ce que sa tête touche le sol.

Matabei inclina légèrement la tête, comme s'il paraissait gêné par tant d'égards. "N'est-il pas dit que l'amitié, en tant que telle, est un cadeau qui ne supporte aucune contrepartie. Vous n'avez nul besoin de me déshonorer en m'offrant un autre cadeau, et ce d'autant plus que je se suis certainement pas à la hauteur d'un tel présent". Ce faisant Matabei refusait pour la première fois le présent qui lui était proposé.

Beniha récupéra la boîte, que Murasaki avait poussée légèrement vers Matabei. Elle l'ouvrit avec d'infinies précautions pour en sortir l'un des deux superbes saya qui étaient à l'intérieur. Le saya est l'étui de la lame, qu'il protège des chocs et de l'humidité. Fabriquée en bois de magnolia, sa forme doit pouvoir épouser la lame afin de minimiser le jeu dans le fourreau et de faciliter la phase d'attaque. La réalisation était superbe et tous prirent le temps d'admirer l'ouvrage.

"Ma famille a fait vœu de ne jamais toucher l'acier, mais cela ne saurait nous empêcher de récompenser ceux qui mettent leur talent au service de l'Empire et de ses habitants, ceux qui luttent contre la corruption et ont toujours su montrer que l'honneur était plus fort que le métal. Ces fourreaux ont été préparéq par nos meilleurs artisans et bénis par nos prêtres. Vous honoreriez notre nom en acceptant un tel présent", fit Beniha en s'inclinant à son tour.

Matabei attendit un moment avant de répondre: "Asahina-san, la beauté de ces fourreaux montre à quel point votre famille mérite la réputation qui est la sienne. Ces saya sont à votre image, une perle dans son écrin. Je ne suis pas digne de tels objets. D'autres que moi me paraissent avoir les qualités requises. Je pense à Doji Seo, dont la sagesse est proverbiale, ou encore à Kakita Korihime, dont la pureté d'âme est sans pareille." Pour la deuxième fois, Matabei se devait de refuser un tel cadeau.

Beniha sourit et se redressa. "Kakita-san. J'ai personnellement veillé à ce que les kamis puissent protéger ces fourreaux et quand j'ai pratiqué ce rituel je ne pensais à nul autre que vous", précisa-t-elle en affichant son plus beau sourire. "De plus, vos illustres consoeurs disposent déjà de leurs propres fourreaux et il me paraîtrait mal venu de leur en proposer un nouvel ensemble."

Cela devait certainement être le sourire, mais Matabei était maintenant convaincu qu'il n'avait pas d'autre solution que celle d'accepter le présent. Humblement, il baissa la tête en signe d'acceptation. "Asahina-san. Je suis extrêmement honoré d'accepter un tel cadeau comme marque de notre amitié. Je me demande bien comment il me sera possible un jour de vous rendre la pareille. D'ici là je m'y emploierai de toutes mes forces." Il prit la boîte qu'il déposa à ses côtés avec la plus grande délicatesse. "Juste une question, toutefois, si vous me permettez, Asahina-san". Devant son hochement de tête, il poursuivit "Comment saviez-vous que j'avais perdu mes fourreaux?"