Les Jardins de Clermont

Jeanmerlin et Iseult déambulèrent donc tranquillement dans les allées verdoyantes des jardins de Clermont en lançant de tant à autre un bâton à Béril qui se faisait une joie de le ratrapper et vol et de le rapporter à Jeanmerlin, tout luisant de bave canine...

C'est vraiment sympathique ici! Je n'étais jamais venu avant! Ce serait une bonne idée d'y organiser un jour un grand pique-nique, non? ça me plairait bien...peut-être devrions nous attendre qu'il fasse vraiment chaud mais ça semble être une bonne idée, n'est-il pas?

Oui, j'adore cette endroit... Ca m'apaise ^^
Un pique-nique ? Oh oui ! Une fois, on en a fait un avec Bisou... On avait oublié la Spé', tiens -_- Ralala...
Mais ptètre pas qu'il fasse trop chaud, après, pour les fourmis, merci !!!
Non, j'trouve que là on est pile dans la bonne saison ! ^^

Iseult souriait aux jardins. Comme c'était agréable de frissonner sous les douces brises printanières, de marcher sur l'herbe fraiche et humide, de sentir les rayons de soleil juste tièdes sur sa peau...
Elle s'arrêta au bout d'un moment de silence, où tous deux profitaient du moment, sans prendre la peine de commenter dessus.
Elle se trouva un petit coin d'herbe, et s'assit en tailleur dessus, Béril la rejoignit assez rapidement. Elle lui ébouriffa sa petite tête poilue, prit le baton qu'il tenait en gueule, et le jetta aussi loin qu'elle pouvait.

Bon! nous lancerons donc les cartons d'invitation pour ce pique-nique! Je préparais une salade de pissenlits par exemple...

Jeanmerlin s'assit aux côtés de Iseult sur le petit monticule.

C'est vrai que l'on est bien ici! C'est finalement bien moins fréquenté qu'on ne pourrait le croire, nous n'avons pas rencontré un seul de nos voisins! Pourtant par ce beau temps, ils ne gagnent rien à rester enfermés chez eux!

Jeanmerlin étira ses bras au ciel et s'allongea tranquillement dans l'herbe fraiche.

Iseult tourna un peu la tête, de sorte à regarder Jean.

T'exagères, tu dis toi-même que tu viens pour la première fois ! ^^

Puis elle cueillit une paquerette et la mit dans sa bouche. Elle regarda le ciel, puis passa ses bras derrière sa tête, et s'allongea à son tour dans l'herbe.

Oui, tu préparerais une salade de pissenlits, et puis moi je ferai une petite tourte à la viande et aux légumes. Bisou s'occuperait de la spéciale. Queza ferait un gateau, Auroro et Maviste emmeneront... Je sais pas, moi, leur service à pique-nique !

Iseult sourit.

Oui, on se fera ça...

Elle ferma les yeux, et profita de l'instant si paisible...

Jeanmerlin et Iseult avaient tranquillement somnolé dans l'herbe verte et parlé de choses et d'autres avant que la soirée ne se fasse plus fraiche. Jeanmerlin aida Iseult a ajuster son châle sur ses épaules, ils rappelèrent le chien, Iseult n'oublia pas son bouquet et ils rentrèrent en flanant tranquillement dans les allées. Ils se séparent à la sortie des jardins, après s'être souhaités le bonsoir, ils regagnèrent leurs maisons respectives.

Iseult revint aux jardins. Surement était-ce son QG, son lieu d'apaisement, la source, le retour à la source. L'origine de tout.
En tout cas, elle était revenue là. Il était tard. Oh, oui, il devait être tard, vu le ciel, qui avait une douce couleur bleu clair, à laquelle se mélangeait des teintes jaunes, roses, parfois rouges. Le soleil, là-bas, avait presque finit son tour.
Iseult avança tranquillement, sans bruit, sans volonté d'expression. Elle se trouva un endroit qui lui paraissait tout à fait convenable, s'y agenouilla, tata l'herbe de ses mains. Celle-ci était humide. Elle retira le torchon qui recouvrait son panier, puis elle le déplia et s'en servit comme nappe. Elle fit attention, puis s'assit dessus. Juste en face du soleil, cette énorme orange aux couleurs de feu.
Elle prit le gateau dans le panier, et s'en mangea un bout, admirant le coucher de ce soleil, n'en ratant pas une miette.

Le soleil avait fini son tour. Lui aussi était fatigué, lui aussi était parti se coucher, disparaitre derrière l'horizon, pour mieux se lever le lendemain.
Peut-être que lui aussi en avait marre de la bêtise des hommes en fait. Peut-être était-il las. Peut-être espérait-il, comme tout le monde, de trouver un monde meilleur et moins puéril le jour suivant. Peut-être...
Iseult savait bien, le Soleil était une métaphore des humeurs du mouvement sur la terre, on pouvait lui imaginait des pensées..

Ici, depuis la tombée de cette nuit, rien n'avait changé, tout avait changé. Les lieux étaient les mêmes, mais pourtant si différents... Les couleurs, surtout, elles avaient terni.

Iseult se sentait privilégiée, là, maintenant. Elle avait l'impression de profiter de la vie, plus que n'importe qui. Elle était là, elle, dans cette ambiance si étrange et familière, et elle pouvait observer les jardins dans leur nature et leur calme absolu.

Désormais, les feuilles étaient grises, ainsi que les fleurs, les arbres, l'herbe, leurs ombres et leurs reflets. Iseult avait le sentiment que tout pouvait arriver. Mais le silence regnait, et avec lui, une sécurité certaine.

Et si c'était ça, vivre. De plus penser à rien, ni aux soucis, ni aux tourments, ni aux tracasses, ni aux malheurs.
Peu à peu, elle se disait que Ryann ne reviendrait plus, que c'était comme ça. Que sa vie se terminerait comme elle se souvenait qu'elle avait commencé. Seule et abandonnée. Mais cela lui importait peu, pour l'instant. Elle connaissait ses sentiments, elle savait qu'ils ne changeraient pas. Il lui faudrait attendre, d'une manière ou d'une autre.

Cette nuit, elle vivait. Elle prenait les odeurs, les sensations, le paysage, tout, toute cette curiosité. Elle le prenait, et elle gardait tout pour elle.





Au bout de longues heures de promenade, la rosée n'était pas encore tombée, mais la nuit se terminait. Iseult bailla. Elle dormirait le jour. Le jour était moins passionant que la nuit. En une soirée, elle avait appris plus que n'importe quelle semaine.. N'importe quel mois ou année de sa vie.

Elle se rasseya sur son torchon, puis attendit avec patience le lever du jour, l'aube remplie d'espoir.

Voilà qui était un merveilleux début de journée. Iseult ne cessait de trouver argument pour la beauté du spectacle.

Il était tôt, vraiment tôt. Elle huma une grande bouffée d'air frais. Peut-être quelqu'un passerait-il aux jardins aujourd'hui...

En attendant, elle passa ses bras derrière sa tête, et s'allongea sur l'herbe. Elle ferma les yeux, et laissa ses pensées aller et venir sur toutes sortes de sujet.
Bientôt, la fatigue l'emporta, et elle s'endormait. Paisiblement.

Après une bonne matinée de sommeil, qui dépassa sur l'après-midi, Iseult se releva un peu courbaturée, et repartit en sautillant chez elle.